Depuis quelques années la démocratisation du réseau Internet, suite à l'arrivée du Web, apporte des changements majeurs dans plusieurs secteurs de la vie sociale et économique. Ce qui surprend le plus dans la présente révolution du savoir et de l'information, c’est la vitesse avec laquelle elle évolue. En effet, on assiste littéralement à l'explosion d'un phénomène qui s’inscrit dans un laps de temps très court. La radio aura pris 35 ans à atteindre un taux de pénétration de 50 % chez les consommateurs aux États-Unis, la télévision 25 ans alors que le Web aura pris seulement 5 ans. Cette croissance effrénée a pour effet de provoquer une modification très rapide de la réalité dans laquelle doivent évoluer tant les consommateurs que les entreprises. En fait, on assiste à la création d'une nouvelle dimension qui non seulement amène de nouvelles règles, mais qui pour certaines de ses règles en impose à la dimension traditionnelle. La disparité et la vitesse à laquelle ces deux réalités évoluent ont pour conséquence que certaines industries font face à des situations qui obligent à remettre en question le modèle d'affaires traditionnel. Ce constat est d'autant plus frappant lorsqu’on s'intéresse à tout bien pouvant appartenir aux deux dimensions simultanément.

L'importance grandissante accordée à l'information et au savoir, combinée aux possibilités des réseaux, déplace la valeur accordée aux biens matériels vers des biens moins tangibles. C'est de cette transition que découlent plusieurs problèmes, notamment celui de donner de la valeur à des biens immatériels ou intangibles comme l’information et le savoir. Il faut savoir que tout bien dont il est possible de dissocier le contenu de son support physique peut être, dès aujourd'hui, distribué sur les réseaux informatiques. Cette réalité rend difficile le traitement de l'information, du savoir ainsi que les biens immatériels comme des actifs. Il est par le fait même souvent difficile de déterminer une valeur à ces mêmes biens. Qui plus est, la facilité avec laquelle ces informations sont reproductibles et distribuables dans un contexte de réseau informatique global tel Internet amène de nouvelles problématiques au niveau du respect de la propriété intellectuelle et des droits d'auteur. Ce nouvel environnement rend aussi très difficile l'application des lois.

À ces questions d'ordre technique et légal s'ajoutent des considérations culturelles. Il ne faudrait pas oublier la culture des réseaux. Il faut rappeler que le réseau Internet visait à l'origine à permettre la création de communautés virtuelles afin de faciliter l'échange et le partage des connaissances et du savoir dans le domaine de l'éducation, de la science et de la technologie. Cet héritage se traduit aujourd'hui par la création de communautés virtuelles telles Napster, Hotline et Gnutella et bientôt des projets comme Freenet qui appliquent pour tous la même philosophie de partage. Par contre, le problème se pose lorsqu'il s'agit de pièce musicale ou encore de logiciels commerciaux.

Devant cette nouvelle réalité, deux industries font face de façon plus manifeste aux nouvelles problématiques que cette nouvelle dimension amène, à savoir l'industrie du disque et du logiciel. C'est dans ce contexte de bouleversements majeurs que le présent travail vise à faire un survol du phénomène du piratage en s'intéressant principalement à l'impact des réseaux informatiques sur le comportement du consommateur. On s'intéressera à l'impact actuel du comportement sur les deux industries, aux recherches effectuées et publiées au sujet de cette problématique. On inclura aussi les grandes lignes d'une entrevue réalisée avec Mario Cantin au sujet de la problématique du piratage et du comportement du consommateur dans le contexte des réseaux informatiques. Enfin, on partagera notre analyse de la situation ainsi que notre réflexion.