L'importance grandissante que les entreprises et lobbies de l'industrie du disque et du logiciel accordent au phénomène du piratage s'explique principalement par les pertes de revenus qu'occasionne ce comportement. Le phénomène, depuis les trois dernières années, ne cesse de prendre de l'expansion aux dires de ceux-là. Les différents rapports donnent une importante part de responsabilité aux appareils tels les graveurs de CD-ROM dont le prix ne cesse de diminuer, ce qui se traduit par un taux de pénétration de plus en plus important dans les ménages. Les graveurs permettent de reproduire une copie exacte, tant d'un CD Audio que d'un CD-ROM, ou encore de réaliser des compilations de pièces musicales ou de logiciels et cela, à un coût minimum une fois l'achat du graveur effectué. Les rapports font aussi état de l'impact de l'augmentation de la bande passante des liens Internet. La pénétration très rapide des liens de type DSL et modem-câble a pour effet d'augmenter énormément la capacité des utilisateurs à s'échanger des logiciels et pièces musicales rapidement et cela, à l'échelle mondiale. Malheureusement, même si le phénomène du piratage via les réseaux informatiques est connu, aucune donnée fiable n'est actuellement disponible sur l'ampleur réelle de ce type de piratage.

Industrie du logiciel

Le "Report on Global Software Piracy" publié chaque année par "The Software & Information Industry Association (SIIA)" indique que les revenus mondiaux de la vente de logiciels pour l'année 1999 se chiffrent à 21,6 milliards soit une hausse de près de 19 % par rapport à 1998. Par contre, malgré la hausse globale des revenus, la SIIA affirme que près de 12 milliards de dollars en revenus ont été perdus à cause du piratage informatique. Il est à noter que ces estimations ne tiennent pas compte du piratage dans le milieu de l'éducation, du divertissement et de l'électronique (Internet).

Il est aussi important de constater l'ampleur du phénomène selon les régions du globe. En effet, dans la région de l'Asie et du Pacifique, on retrouve la proportion de piratage de 47 %. Certains pays comme la Chine et le Vietnam ont des taux de piratage de 91 et 98 % respectivement. Les régions du Moyen-Orient et de l'Afrique pour leur part ont un taux moyen de 60 %. L'Amérique du Nord (Canada/US) pour sa part a le taux de piratage le plus faible avec 26 %. L'Amérique Latine incluant le Mexique a un taux de piratage de 59 %. Il est intéressant de constater l'écart entre l'Europe de l'Ouest et celle de l'Est. Dans la région Ouest, on observe un taux de piratage de 34 % contrairement à l'Est où le taux atteint 70 %, soit le plus élevé.

Industrie du disque

Contrairement à l’industrie du logiciel qui fait face depuis déjà plusieurs années au phénomène du piratage à grande échelle, l’industrie du disque se voit confrontée à cette nouvelle réalité depuis peu. Étant donné son bassin de consommateurs plus important que l’industrie du logiciel, l’industrie du disque voit avec beaucoup d'appréhension cette nouvelle problématique à mesure que les moyens techniques facilitent la copie de pièces musicales et garantissent une qualité de reproduction similaire à l’original. L’industrie du disque trouve tout aussi problématique la prolifération des graveurs de CD et l’augmentation de la capacité des liens Internet. Par contre, le principal problème auquel elle doit faire face dans l’immédiat provient des réseaux organisés de piratage. Ces réseaux, semble-t-il, sont principalement situés en Asie et utilisent généralement des presses afin de produire les CD piratés de façon quasi industrielle. À ce titre, selon les chiffres publiés par International Federation of the Phonographic Industry (IFPI), on estime que plus de 500 millions de CD piratés auraient été produits en 1999. 450 millions de ce nombre auraient été produits sous forme de CD pressée et 50 millions de CD sous forme gravée. Globalement ,1 disque sur 3 vendu mondialement serait piraté.

Toujours selon la IFPI, il est aujourd'hui difficile de quantifier les pertes dues au piratage effectué via Internet. Par contre, on s'inquiète de l'évolution rapide du phénomène et de son impact probablement plus important que celui du piratage physique à long terme. À titre d'exemple, selon les chiffres internes de la compagnie Napster, on pense que le service comptera plus de 75 millions d'utilisateurs d'ici la fin de 2000. On observe une croissance de 200 % par mois au niveau des utilisateurs. À chaque seconde, on estime que 10,000 documents MP3 sont échangés. Plus de 100 utilisateurs tentent de se connecter au serveur à chaque seconde.

Comme nous l'avons souligné, la proportion de logiciels piratés varie selon les régions du globe. Il en est de même pour les œuvres musicales. Les chiffres démontrent qu'en Amérique du Nord, le taux de piratage demeure relativement faible avec moins de 10 % des CD piratés. Par contre, comme le fait remarquer le IFPI Music Piracy Report 2000, il est important de surveiller le phénomène de Napster afin de maintenir le taux de piratage à ce niveau. En ce qui a trait à l'Europe, tout comme pour les logiciels, on retrouve un taux de piratage différent selon que l'on étudie l'Est ou l'Ouest. À l'Ouest, on retrouve généralement un taux de piratage des œuvres musicales à moins de 10 % tandis qu'à l'Est, dans certains pays comme la Russie, le taux de piratage dépasse le 50 %. Globalement, l'Asie est la région où le piratage est le plus important. En Chine, on observe une croissance importante du comportement tandis qu'à Hong Kong on observe une diminution. Au niveau de l'Amérique latine, on observe un accroissement au Brésil, en Argentine, au Mexique et au Pérou qui ont des taux de piratage variant entre 25 et 50 %. Seul le Mexique présente une amélioration avec 40 %. Au Moyen Orient , on retrouve des taux de piratage de 30 à 50 %. Le continent africain pour sa part démontre un taux de piratage supérieur à 50 % sauf en Afrique du Sud et au Zimbabwe où le taux est aux alentours de 15 %. Enfin, en Océanie, on observe un taux relativement bas, soit inférieur à 10 %.